L’ESPACE GÉOGRAPHIQUE COMME « CHAMP REPRÉSENTATIONNEL » :
LES REPRÉSENTATIONS SOCIO-SPATIALES DE STRASBOURG
PIERRE DIAS & THIERRY RAMADIER
Cette étude aborde les représentations spatiales de la ville en cherchant à montrer que les trajectoires sociales sont tout aussi importantes que les positions sociales pour comprendre comment se construit et s’organise leur contenu. En s’appuyant sur les représentations de Strasbourg, cette recherche a pour objectif, d’une part de faire le lien entre des modèles théoriques de la psychologie sociale et de la sociologie à partir d’une hypothèse qui leur est commune, à savoir que les structures cognitives sont aussi des principes générateurs de prises de position dans la structure sociale. D’autre part, elle cherche à montrer que cette homologie structurale s’applique également à l’espace géographique, un objet plus souvent abordé sous un angle cognitiviste, subjectiviste ou culturaliste quand il s’agit de considérer sa dimension spatiale (et non uniquement ses significations), évacuant d’emblée l’existence d’un « champ représentationnel » autour de la ville. Pour éprouver cette hypothèse, nous avons réalisé une enquête par questionnaire auprès de résidents d’un quartier pavillonnaire strasbourgeois. L’analyse de la structure des représentations recueillies a permis d’identifier quatre groupes de représentations différentes. Ensuite, une description sociodémographique de ces groupes a montré que les liens entre la structure sociale et la représentation de l’espace urbain reposent fortement sur les trajectoires sociales intergénérationnelles des résidents. Ces résultats montrent que la représentation de la ville n’est ni qu’un simple « outil cognitif » émanant d’un « sens de l’orientation » au service des pratiques, ni, à l’inverse, qu’une trace psychologique des « expériences » urbaines antérieures. Ce sont des objets psychologiques qui (se) construisent et (s’) organisent (à partir de) la structure sociale depuis l’histoire sociale de la personne notamment.
RS-47-48-17