n°45-46 – 2013 – 11

LES RIVALITÉS ENTRE LES LIGNÉES FAMILIALES : FREIN OU MOTEUR A LA MOBILITÉ GÉOGRAPHIE ?

CHRISTOPHE HANUS

La seule voie de la rationalité économique est souvent privilégiée par les enquêtes et les observateurs du milieu rural pour expliquer les mobilités géographiques d’une région à une autre : on migre pour fuir un chômage persistant, parce qu’il n’y a aucune perspective au niveau local. Toutefois, comment expliquer qu’il demeure des personnes dans des régions économiquement ravagées ou que les régions les plus dynamiques ne font pas toujours le plein ? En partant d’un territoire jurassien, le val de Mouthe, et en réalisant des arbres généalogiques sur trois générations – qui prennent en compte aussi bien la lignée maternelle que la lignée paternelle des parents d’une personne, Ego, qui a vécu dans cet espace ou qui y vit toujours – nous montrerons que la concurrence entre les lignées dont ils sont les héritiers peut être prééminente dans le déroulement de leur parcours résidentiel, notamment quand la transmission du patrimoine constitue un enjeu essentiel pour l’une des branches familiales. En effet, les familles développent des stratégies, sur plusieurs générations, pour demeurer coûte que coûte dans un endroit ou, au contraire, pour privilégier la voie de la dispersion géographique. Qu’elle le veuille ou non, une personne hérite toujours de différents capitaux culturels, sociaux, économiques avec lesquels elle doit composer et qui dépendent des parcours résidentiels, scolaires et professionnels des générations qui l’ont précédée. Or, ces capitaux n’étant pas égalitairement répartis entre les groupes sociaux, nous verrons que les chances objectives de réussir une migration ou un ancrage varient fortement d’une famille à une autre.

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